Le viol, aspects sociologiques d’un crime... Véronique Le Goaziou / Politique
Le viol, aspects sociologiques d'un crime est un livre écrit par Véronique Le Goaziou, édité en mai 2011 aux éditions La Documentation Française, collection Perspectives sur la justice. La démarche entreprise ici est pionnière : les données issues des dossiers judiciaires afférents à 425 affaires de viols perpétrés entre 1998 et 2007 dans les ressorts des cours d'assises de Paris, Versailles et Nîmes ont été examinées et analysées.
L'ouvrage présente la synthèse de ce travail de recherche réalisé par des spécialistes des questions de violence. Derrière la catégorie juridique du viol, les réalités sociales et psychosociales sont dévoilées : les protagonistes, auteurs et victimes et les relations qui préexistent entre eux, les modalités, les circonstances et les contextes de l'agression, le traitement judiciaire qu'elle a reçu, le jugement. En conclusion, les auteurs plaident pour un affinement du concept de viol, ce qui permettra de mieux comprendre les violences sexuelles et de lutter contre elles.
Souvent présenté comme le « crime absolu », aux conséquences physiques, psychologiques et symboliques odieuses, le viol fait aujourd'hui l'objet d'une réprobation sociale maximale. Pourtant, derrière les images forcément simplifiées et « dramatisées » de ce crime, se profile le portrait d'un acte aux manifestations diverses et hétérogènes, que l'analyse doit élucider. Au témoignage direct souvent insoutenable, à l'étude de cas toujours génératrice d'indignation, l'ouvrage entend substituer l'objectivité d'une démarche scientifique et la neutralité des faits tels que rapportés par la procédure judiciaire.
De cette tentative assumée de distanciation avec le crime se dégage une connaissance nouvelle. Ainsi, un certain nombre des idées communément admises quant au viol sont confirmées : très grande fréquence de liens préexistants entre la victime et l'agresseur (83%), l'importance du nombre des viols intrafamiliaux et la surreprésentation des hommes (98%) parmi les violeurs déférés à la justice. En revanche, plusieurs des représentations qui lui sont liées sont contredites : la faible proportion des viols collectifs (5%) dans l'ensemble et l'appartenance en plus grande proportion des personnes issues des milieux populaires et des classes moyennes parmi les auteurs.
Ce travail criminologique est précieux à un double titre. Il permet en effet d'une part, de mieux connaître ce crime en tant que réalité sociale et d'en esquisser la phénoménologie à partir d'éléments objectifs. Il éclaire d'autre part, sur un plan méthodologique, les difficultés inattendues auxquelles se heurte le chercheur qui l'étudie. En effet, le concept unique de viol qu'énonce le code pénal recouvre des agressions de types et de formes très variés et une palette de faits extrêmement large. C'est pourquoi, les auteurs proposent une typologie fondée sur les relations entre les auteurs de viol et les victimes qui distingue quatre ensembles : les viols intrafamiliaux élargis, les autres viols de forte connaissance, les viols de faible connaissance ou perpétrés par des inconnus et les viols collectifs.
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