Où en sommes-nous de l’expérience démocratique dans la France d’aujourd’hui ? 2011 à Toulon / Politique
Evènement passé.
Le jeudi 10 février 2011 à Toulon (83).
Dans 'Pourquoi nous n'aimons pas la démocratie', la philosophe poursuit son analyse critique du fonctionnement actuel de nos démocraties en se concentrant sur la nature de relation qui nous lie désormais, et qui fait souvent de nous des 'désenchantés de la démocratie'. On se souvient de la formule de Churchill : « La démocratie est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres. » A l'évidence, nous n'« aimons » pas la démocratie. Et pourtant nous sommes tous démocrates' Etrange procès en désamour que celui-là, dont la virulence égale l'ancienneté : toute petite déjà, à Athènes, la démocratie ne manqua pas de détracteurs...
Myriam Revault d'Allonnes s'interroge, non pas sur les critiques ou les sarcasmes dont la démocratie est l'objet, mais sur la nature de l'expérience démocratique, travaillée par l'incertitude, le conflit, l'inachèvement, inextricablement liée à ce qui s'oppose à elle et la menace. Comment l'homme démocratique, confronté à cette existence toujours problématique, ne serait-il pas en proie à l'insatisfaction et à la déception permanentes ? Comment pourrions nous ne pas être insatisfait ou désenchanté ? La philosophe montre comment l'individu-citoyen, qui valorise l'action avec d'autres pour s'ouvrir d'autres possibles, a été détrôné par l'individu 'consommateur de république'. Le néolibéralisme en serait selon elle responsable, en empruntant à la logique managériale d'un Etat devenu 'Etat-Entreprise', sommé de rendre des comptes sur sa performance , gommant toute référence au bien commun.
Au plus haut niveau de l'Etat, le pouvoir semble utilisé dans une logique d'intérêts personnels et pas seulement d'intérêt général. Dans notre démocratie, on ne parlerait plus en terme d'échange, mais en terme de concurrence et d'affrontement. L'abstention aux élections serait une conséquence de cette posture où l'intérêt individuel l'emporte sur l'intérêt collectif, et non simplement un désaveu vis à vis du pouvoir en place. Cependant, si nous n'« aimons » pas la démocratie, pouvons-nous ne pas la vouloir ? Car c'est bien l'expérience démocratique qui fait de nous des citoyens éthiques et politiques. Renoncer à aimer la démocratie, comme un esclave aimerait son maitre, ne signifie donc pas ne pas aimer l'idée de démocratie, bien au contraire. Encore faut-il rendre à la démocratie son moteur essentiel : le débat d'idées au nom de l'intérêt général.
Date et lieu de La conférence :
Jeudi 10 février 2011
Faculté de droit
Amphi 500.1 - 35, av. Alphonse Daudet
Toulon (83)